Abri du Marin. A la découverte de Jacques de Thézac
La nouvelle exposition du musée de l’Abri du Marin de Sainte-Marine est consacrée à « Jacques de Thézac au service des marins ». Riche en documents, elle met en lumière la personnalité philanthropique du fondateur des Abris du Marin. Elle est à découvrir dès demain, samedi 8 février.
Lutter contre l’alcool et la tuberculose
Au début du XXème siècle, la population bretonne est jeune mais son espérance de vie est assez courte. Les conditions de vie sont rudes et marquées par deux fléaux : l’alcoolisme et la tuberculose.
La Bretagne est réputée pour être une terre d’alcooliques alors que les chiffres montrent que la consommation moyenne est bien en-deçà de celle des autres régions. Seulement, l’ivresse est visible avec ces marins en bordée, zigzaguant sur les quais… Les débits de boissons sont nombreux sur le territoire. Ce sont des lieux de convivialité où se nouent des contrats, où se distribue la paie, où on célèbre les bons moments et où on noie les mauvais jours…. Petit à petit, l’ivresse occasionnelle cède la place à l’ivrognerie puis à l’alcoolisme. Les politiques antialcooliques se multiplient mais ne rencontrent pas un franc succès. Aujourd’hui la prévention et la prise en charge de la maladie restent une priorité majeure de santé publique.
Autre fléau des ports bretons, la tuberculose fait des ravages chez ces populations déjà fragilisées par l’alcoolisme. En 1900, on estime que la tuberculose est responsable de plus de 150 000 décès dans le pays. Maladie contagieuse, elle se propage par la promiscuité et le surpeuplement des logements. Afin de traiter les malades, on les éloigne dans des sanatoriums où ils sont traités par cures d’air, de soleil et de lumière. Le sanatorium de Perharidy à Roscoff est l’un de ces établissements. Il est considéré comme « le plus parfait qui existe en France » par le professeur Albert Calmette, inventeur du vaccin BCG avec son collègue Camille Guérin en 1921. Aujourd’hui, la tuberculose est toujours la maladie infectieuse qui arrive en tête des causes de mortalité dans le monde, devant le sida, avec 4 000 morts par jour.
L’Almanach et les Abris du Marin
Lorsque Jacques de Thézac arrive dans la région à l’occasion d’une régate, il prend conscience de ces conditions de vie difficiles. Il va alors tout mettre en œuvre pour aider les pêcheurs bretons et leurs familles.
En 1899, il crée l’Almanach du Marin Breton, une publication annuelle délivrant des informations médicales, des renseignements nautiques utiles, les horaires des marées, des conseils de navigation, l’apprentissage des phares et des feux, des données sur les évolutions techniques, etc.
L’année suivante, pour compléter l’action entreprise par l’Almanach, il ouvre des Abris du Marin inspirés des Sailor’s Homes anglais. « Une maison de famille ouverte à tous les marins, mais plus particulièrement aux marins-pêcheur (pour leur) offrir gratuitement des salles de réunion où ils se sentent bien chez eux et où ils peuvent à leur gré s’amuser ou s’instruire sans aucune dépense », écrit-il dans l’Almanach de 1901. Douze Abris ouvriront leurs portes, de Roscoff à Belle-Ile en Mer. Celui de Sainte-Marine accueillera ses premiers marins-pêcheurs en 1910. Des règles très précises règnent dans ces Abris : interdits aux femmes, aux hommes en état d’ivresse et aux non inscrits-maritime.
Entouré de médecins et scientifiques, il se lance dans des expériences d’algothérapie (ker laminaire) et de perhéliothérapie, utilisant les bienfaits du soleil, afin de soigner les blessures et surtout la tuberculose.
Dans le cadre de l’exposition, des maquettes d’une étuve solaire pour traitement par des bains d’algues, dite « Ker Laminaire » et d’un appareil de perhéliothérapie, conçues par l’association Mein ha Dour, seront montrées au public. Pour monter cette exposition, l’équipe chargée de l’Abri du Marin collabore depuis plusieurs mois avec Anne Forrer, auteur d’un ouvrage intitulé « Les pêcheurs côtiers de Cornouaille, les soins dans les Abris du Marin et l’Almanach du Marin Breton« . Ce livre retrace avec précision la mission que Jacques de Thézac s’est donnée toute sa vie : améliorer les conditions de vie des marins-pêcheurs. L’ouvrage est en vente à l’Abri du Marin.
Légende : Pour cautériser une plaie, le perhéliothérapie, appareil inventé par Jacques de Thézac, est utilisé. Des lentilles accentuent la pénétration des rayons du soleil sur la lésion.
Abri du Marin de Sainte-Marine
02 98 51 94 40 / abri.marin@combrit-saintemarine.fr
Horaires d’ouverture du musée
- Hors vacances scolaires
du jeudi au dimanche de 14h à 18h - Vacances scolaires (toutes zones)
du mercredi au dimanche de 14h à 18h - Du 1er juillet au 31 août
le mardi de 14h à 18h
du mercredi au dimanche de 10h30 à 12h30 et de 14h à 18h
Tarifs
- 2 € adulte
- 1 € pour les 12-18 ans
- 1 € pour les groupes (plus de 10 personnes)
- gratuit pour les enfants de moins de 12 ans
- 8 € la carte annuelle
- 3 € le billet couplé avec le Fort de Sainte-Marine