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Le Polder de
Combrit

Conservatoire du Littoral / Délégation Bretagne

Port du Légué
8 quai Gabriel-Péri
22194 Plérin
Tél. 02 96 33 66 32
Mail : bretagne@conservatoire-du-littoral.fr
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Le Conservatoire du Littoral est propriétaire du Polder de Combrit Sainte-Marine depuis les années 80. Il œuvre pour la protection et la sauvegarde de ce territoire. Les prairies sont louées à des agriculteurs de la commune, ayant des pratiques respectueuses de l’environnement.  Le Polder est également un lieu de balade, prisé par les habitants et les estivants.

Le Polder de Combrit Sainte-Marine s’étend sur près de 350 hectares. Bordé à l’est par la ria de l’Odet, à l’ouest par l’anse du Pouldon et au sud par l’Océan Atlantique, cet espace vit, depuis sa poldérisation réalisée au milieu du XIXe siècle, au rythme des activités agricoles et de saisons. Aujourd’hui, la majeure partie de ce domaine est composée de prairies humides (190 hectares) louées à des exploitants agricoles, respectant l’environnement. Les habitants et estivants apprécient le Polder comme lieu de balade, été comme hiver.

La dépression de l’anse du Pouldon et du marais de Kermor date d’environ 50 millions d’années (époque tertiaire), mais la formation du cordon dunaire est relativement récente.

Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, des cordons sableux se sont formés le long du littoral. Les cartes anciennes (de 1669 à 1769) montrent clairement les étapes de la formation de la dune. La carte de Cassini présente déjà un cordon dunaire continu.

Progressivement, un marais arrière dunaire subissant l’influence des marées est apparu. Son aspect était alors celui qui peut être observé au fond de l’anse du Pouldon : une succession de vasières et de prés salés parcourus de chenaux.

En 1836, le marais appartenait au Baron de Lagonde et à l’Etat, car considéré comme « lais de mer », soit un un terrain que la mer en se retirant laisse à découvert. A cette époque, des agriculteurs et des locaux avaient en charge une partie du cordon. Ils devaient, en cas de brèche, combler les failles par tous les moyens possibles (paille, sable). Des réparations éphémères qui ne résistaient pas aux marées d’équinoxe.

En 1852, la construction de la digue de Kermor, implantée sur le bord de l’anse de Pouldon à l’Ile-Tudy, et le colmatage des estuaires (graus) dans le cordon dunaire ont permis de soustraire à la mer une surface de 350 hectares. 267 hectares furent initialement assignés à l’agriculture. La combinaison de la digue et de la dune a créé une nouvelle zone : le Polder. 60% de la surface du Polder restent en dessous du niveau des plus hautes mers. La construction de la digue était une solution demandée par les élus de l’époque pour assécher les marais et résoudre les problèmes de salubrité.

Dans les années 1970, le déclin des petites exploitations s’amorce. Petit à petit, les prairies et les terres cultivables disparaissent sous la friche.

En 1975, le Conservatoire du Littoral naît. Sa mission est de sauvegarder les milieux littoraux. Il décide alors d’acquérir 300 hectares du Polder. Son programme d’acquisition a démarré en 1980.

L’observatoire et le pigeonnier de Kerscuntec.

En 1989, le Polder est classé au titre de la loi du 2 mars 1930 afin de préserver les qualités paysagères. La technique de gestion utilisée pour l’entretien des prairies du site est le pâturage extensif (nombre de bêtes limité à l’hectare). A l’inverse du pâturage intensif, il n’exerce qu’une pression sélective faible sur le milieu et permet au terrain d’exprimer toutes ses potentialités. Il en résulte une diversité écologique plus importante et il contribue à limiter l’évolution de la végétation vers les stades boisés.

En 1990, l’Observatoire et le pigeonnier de Kerscuntec sont construits. Point d’information et de sensibilisation, ils permettent au public de découvrir, autrement, le Polder.

Le Polder de Combrit Sainte-Marine est un réservoir de biodiversité. Un belvédère et un pigeonnier, situés à proximité de la ferme de Roscanvel, permettent d’avoir une vue magnifique et étendue sur l’ensemble du Polder. Les prairies du Polder sont gérées par des agriculteurs qui, grâce au pâturage extensif ou à la fauche, participent à la pérennité de ce milieu en évitant l’enfrichement et à terme la disparition de cette végétation à haute valeur fourragère.

La faune

Le réseau hydraulique du Polder est important et canalise les eaux provenant du bassin versant. Ce lieu est l’habitat des espèces aquatiques tels que les poissons (anguille, épinoche, gobie…), les amphibiens (grenouille rousse, salamandre tachetée, crapaud commun…) qui sont inféodés à ce milieu. Le ragondin, espèce envahissante, est présent depuis plusieurs années.

A l’arrière du cordon dunaire, une prairie se transforme progressivement en marais et pré salé. Une végétation à salicorne, obione et autres espèces annuelles des zones boueuses et sableuses se développent. Ces milieux, particulièrement riches en espèces, sont reconnues en tant qu’habitats d’intérêt européen.

L’étang de Kermor, situé en limite des communes de Combrit Sainte-Marine et l’Ile-Tudy, est d’une richesse ornithologique rare dans le département du Finistère. Il est classé en Zone de Protection Spéciale (ZPS) au réseau Natura 2000.

Diverses espèces d’oiseaux (canard, colvert, sarcelle d’hiver et été, foulque macroule, cygne tuberculé, héron cendré, aigrette garzette, spatule blanche, chevalier gambette, chevalier aboyeur…) y trouvent leurs nourritures. Le plus impressionnant reste le balbuzard pêcheur qui, à l’automne, fait une halte migratoire. La roselière entourant l’étang de Kermor est également propice pour la nidification de certaines espèces, et le butor étoilé ou la grande aigrette y trouvent également refuge.

La proximité de la rivière de Pont-l’Abbé, site d’escale migratoire important pour certaines espèces, favorise la présence de nombreux oiseaux dans ce secteur. Les passereaux (merle, grive, mésange, bouvreuil, chardonneret, bruant, verdier, sitelle…), les corvidés (corneille, pie, geai…), les Colombidés (pigeon, tourterelle…), des pics verts et pics épeiches nichent dans des chênes pédonculés, qui se développent à Roscanvel.

La flore

Le Polder est l’univers des espèces du bocage : ormes, saules, charmes, néfliers, arbousiers, bruyère cendrée, liseron des haies, spartime maritime, diverses orchidées. Dans une ancienne prairie se développe l’ophioglosse des Açores, plante inscrite sur la liste des plantes protégées sur le territoire national.

La trame parcellaire du Polder est très rectiligne, délimitée par des haies composées de peupliers et de saule sur sa partie sud. Des chênes pédonculés se développent sur des talus dans le secteur de Roscanvel.
Deux types de peuplements sont visibles sur le Polder : les feuillus et les résineux. Sur les terrains à forte variation du niveau de l’eau, le saule Marsault et le chêne pédonculé dominent.

Situées sur un relief plus généreux, d’autres espèces ligneuses (bouleau, hêtre, châtaignier, merisier, chêne vert, houx, noisetier, aubépine, prunellier, sorbier des oiseleurs) forment des boisements sauvages, appréciés par certains mammifères (renard, blaireau, chevreuil, sanglier).

Une futaie de pins maritimes, entre Kermor Bihan et Roscanvel, marque la limite de l’ancien trait de côte avant la poldérisation.

Des plantations de hêtres, châtaigniers, chênes pédonculé, frênes ont été réalisées à la suite de l’ouragan de 1987, entre le pigeonnier de Kerscuntec et le Créac’h. Ces plantations, monospécifiques, font aujourd’hui l’objet de travaux sylvicoles dans le but de favoriser un mélange naturel avec d’autres essences feuillues présentes sur le site.